Voici l’histoire de ce petit instrument qui est probablement un des plus répandus sur toute la terre et qui est né tout près de chez nous.

En effet, si l’on excepte le m’buat chinois qui fut le premier instrument à anches libres fait en bambou apparu environ 3000 ans avant notre ère, l’harmonica sous sa forme actuelle est apparu en Allemagne par l’imagination d’un jeune homme de 16 ans du nom de Christian Friedrish Bushman.

Son instrument était fait de tubes allignés et accordés de façon chromatique et ceci uniquement avec des notes soufflées. Il le fait breveter sous le nom d’Aura en 1821.

La plus grande évolution fut apportée en 1826 par un fabriquant d’instruments de musique de Bohême du nom de Richter. Celui-ci dispose les notes non-plus de façon chromatique mais diatonique, afin de pouvoir jouer des accords, ce qui était fort pratique pour jouer la musique de l’époque. Cet accordage est resté le même et s’appel encore aujourd’hui accordage Richter. Sa plus grande trouvaille fut de disposer deux anches par trou pour avoir une note aspirée et une notes souflée dans chaque trou. Il appela son instrument Mund Harmonica.

Pourtant le succès de l’harmonica ne se fit pas pour ses qualités musicales, mais par le fait que les élégantes l’adoptèrent comme ornement autour du cou.

C’est ce qui ammena un habitant de Trossingen, toujours en Allemagne, en Forêt Noire, horloger de son état du nom de Ch. Messner à fabriquer des harmonicas depuis 1833. Comme on était au début de l’ère industrielle et que la demande était forte, il fit fabriquer les capots de l’instrum… pardon du bijoux, par son voisin Matthias Hohner.

En 1855, Honner commence sa propre production sous les exhortations de son épouse Hana. Le succès n’est pas fulgurant car ses capots sont moins bien décorés que ceux de Messner. Madame Hohner a alors une idée de génie, celle d’envoyer les harmonicas à Hans, un cousin émigré aux Etats-Unis, en se disant que là-bas ils ne connaissent pas les capots du voisin.

La première année, en 1857, ils en produisent 700 pièces. Dix ans plus tard 22’000 et en 1887 un million. C’est à partir de là que cet objet devient réellement un instrument de musique et qu’il se répand sur tout le continent américain, faisant la fortune de Hohner qui devient le plus grand fabriquant mondial.

En 1896 verra la naissance dans les ateliers Hohner du fameux « Marine Band » qui est encore aujourd’hui le modèle qui a «le» son blues. En 1920 sort le premier harmonica chromatique, tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Jusqu’à aujourd’hui, l’instrument dans sa forme n’a pas beaucoup changé, par contre, le jeux lui-même est en constante évolution. Ce sont tout d’abord les harmonicistes de blues qui découvrirent qu’en modifiant le flux d’air on pouvait altérer les notes pour créer d’autres sons. En fait cette technique permet de jouer les tons qui se trouvent entre la note aspirée et la note soufflée d’un même trou. Ces bending, comme ils sont appelés, sont créés en aspirant dans les trous 1 à 6 et en soufflant dans les trous 7 à 10. Beaucoup plus tard, dans les années 70 est apparue une autre forme d’altération, les overblows qui permettent d’altérer en soufflant dans les trous 1 à 6 et en aspirant dans les trous 7 à 10. Ces différentes techniques font qu’il est maintenant possible de jouer des gammes chromatique avec ce petit instrument diatonique. Pourtant l’exploration des possibilités de l’instrument n’est pas terminée puisque on entends parler maintenant de doubles, triples, quadruples ou qintuples overblows.

Malgrés toutes ces trouvailles récentes, quoi de mieux que d’écouter un bon vieux disque de Sony Terry, de Sonny Boy Williamson, de Little Walter et de tant d’autres, qui ont été les précurseurs qui ont réellement développé les innombrables possibilités expressives de l’harmonica.

D’abord considéré comme un bijou puis comme un jouet, il est devenu, grâce à eux un des instrument majeur du blues.

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L’harmonica est un orgue à bouche occidental. En Orient, les orgues à bouche semblent être apparus en Chine, sous les noms de he et de yu, entre le XIVe et le XIIe siècle avant J.-C. ; ils ont donné le sheng chinois, attesté vers le VIIe siècle avant J.-C., le shō japonais et le saenghwang coréen. Il est établi que des instruments de ce type ont été importés en Allemagne à la fin du XVIIIe siècle, mais peut-être avaient-ils été introduits en Europe par des moines dès le XVIIe siècle.

L’instrument moderne, appelé en Allemagne Mundharmonika (harmonica à bouche), a été inventé en 1822 par un horloger allemand, Christian Friedrich Ludwig Buschmann. En 1857, un autre horloger allemand, Matthias Hohner, fonde à Trossingen, en Bade-Wurtemberg, la firme Hohner, qui commence à produire de manière industrielle les harmonicas. La production croît rapidement pour exploser à la fin du XIXe siècle. C’est que l’instrument remporte un énorme succès aux États-Unis, où il est exporté dès 1862. En 1896, un des modèles de Hohner, le Marine Band, est breveté dans ce pays, où il va rencontrer un énorme succès. Le blues adoptera l’harmonica diatonique au début du XXe siècle, car c’est l’instrument transportable et expressif par excellence. Le modèle chromatique devient lui aussi fort populaire. Le virtuose Larry Adler(1914-2001) devient une star internationale à la fin des années 1920.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’harmonica apparaît menacé par son image d’instrument populaire dans un monde ou le rock ‘n’ roll écrase les autres musiques populaires. Mais, dès les années 1960, de nombreux artistes, parmi lesquels les représentants de la « British invasion » – comme les Beatles, les Rolling Stones ou les Yardbirds –, vont le brandir comme un emblème de leur attachement aux racines blues.